Chapter 5 Malick et le Cinquième Péché.

- Qu'est-ce qui t'amène par ici, mon fils ? demanda le marabout.

- Papa, j'ai longtemps essayé, mais sans succès. Mon ami m'a expliqué sa situation et croyez-moi, il est mieux.

- Il faut être hardi, mon fils, sinon tu finiras par craquer devant les autres et sois-en sûr, personne ne pourra plus t'accorder cette clémence. Maintenant, rentre chez toi et repose-toi.

- J'ai essayé de l'affronter à nouveau, mais il est plus fort que je le pensais. Aujourd'hui, il me sentira, car j'ai appris à changer de posture. L'alarme de cinq heures vient de sonner et je me suis réveillé pour accomplir cette opération Klénou. Cela fait déjà trois bonnes minutes que j'essaie de descendre, mais les marches ne cessent d'augmenter. Est-ce la raison pour laquelle il me demandait d'être hardi ? Je viens de franchir la porte du salon après vingt minutes de détour, ce qui me prenait d'habitude deux à trois minutes. Je sens une autre présence de l'autre côté. C'est elle. C'est encore elle. Je lui parle, mais elle ne répond pas. Elle ne m'a jamais répondu. J'ai essayé de m'approcher pour lui laisser, mais j'ai remarqué que plus je m'approche, plus elle s'éloigne. Vivre seul dans cette grande maison devient écœurant pour moi. Il est déjà sept heures du matin et le service ne doit pas m'attendre. Léana, ma secrétaire, a déjà pris soin de remplir mon bureau de paperasse que je dois lire et signer. J'ai commencé avec le premier, le deuxième, et je me suis endormi ensuite, chose qui ne m'est jamais arrivée. Je peux dormir dans une cafétéria, mais jamais dans le bureau. J'étouffe.

- Bonjour Père, je suis venu directement du service et ça ne va pas du tout. Quelques minutes de plus et je serai un homme mort dans mon bureau.

- Cette nuit, les ancêtres m'ont envoyé un message. Tu dois faire don de peu et de tout dans le grand marché d'Aïzo.

- Je dois trouver une personne qui pourra le faire en mon nom, père.

- Mon fils, les ancêtres étaient très précis. Tu le feras toi-même, sans saluer personne sur le chemin, et il te faudra trois paniers. Le premier sera rempli d'Akassa pour nourrir les veuves, le second panier de tes vêtements pour habiller les perturbés, et le dernier panier sera rempli de sucreries pour t'apporter la chance du grand marché.

- Et je dois le faire quand ?

- Le septième jour est le jour du marché, et tout le monde sera présent, mais avant ça, tu iras sous l'arbre fétiche avec moi.

Demain sera le jour du marché, et j'ai passé toute la journée à remplir les paniers. J'ai chargé les paniers dans la voiture pour sept heures. L'animation commence toujours avant la première heure de la journée. D'habitude, les veuves sont présentes sur le marché, mais jusqu'à treize heures, je n'ai aperçu aucune d'elles. Puis, soudainement, une fait son apparition.

- Si vraiment, tu tiens à connaître le bonheur dans ta vie, Malick, commence par avouer ton mal ici. Elle ne méritait pas ça. Tu as arraché une mère aux jumeaux, dit la vieille femme vêtue de noir.

Le temps que je vérifie si quelqu'un l'écoutait derrière et me retourne, elle n'était plus là. Pris de peur, je me suis précipité vers la voiture sans regarder par-dessus mes épaules. Même ma voiture ne voulait pas démarrer. Sans plus tarder, j'ai hélé un taxi et suis rentré chez moi. Deux heures après, le dépanneur m'informe que la voiture n'avait rien, c'était moi qui n'avais pas mis le moteur en marche. J'étais sûr d'avoir essayé trois ou quatre fois sans succès.

Ce matin, je sors de la maison et je réussis à écraser une mère poule rouge. Les obstacles s'intensifient de temps en temps. Je suis en Afrique, et je sais que c'est un mauvais présage, mais je me suis entêté à me rendre au service. Mon téléphone sonna.

- Bonjour, monsieur. J'appelle pour vous informer que le père Zannou est décédé ce matin. Nous avons plusieurs fois essayé de vous joindre sans succès.

L'alarme de midi pile sonna juste après l'annonce du décès du vieil homme. Cette fois-ci, ma peur est bien réelle. La femme du marché est devant l'entrée et me fixe depuis sa position, comme si elle connaissait l'emplacement de mon bureau au troisième étage. Je ne peux plus rester ici une seconde de plus. Le courant d'air est très glacial. J'ai récupéré la clé de ma voiture et suis descendu au parking. La vieille femme vêtue de noir est toujours devant, mais cette fois-ci devant le parking. Le second portail est de l'autre côté, je me suis échappé par là. Ce chemin-ci n'est pas celui qui mène chez moi. J'essaie de me retourner, mais trop tard. Elle est déjà proche. Mon destin est scellé.

Malick s'est fait écraser par un camion qui roulait à une vitesse illimitée. Un bonheur reste toujours cultivable. L'argent n'est pas forcément une panacée pour ce dernier.

                         

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