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Je pouvais encore courir avant que cette cloche ne sonne de nouveau, mais hélas, je suis à court de souffle. Je sais qu'il ne va pas s'arrêter. Certes, je pourrais tout raconter, mais je suis sous serment ; le jour où je l'ouvrirai, je serai certainement l'amante de l'obscurité lointaine. Maman a essayé de nous en épargner, et ça lui a coûté ses maux. Elle est condamnée à nous regarder sans pouvoir lever son petit doigt ni dire un mot. Elena a eu dix-huit ans la semaine passée. Je sais. Dans une famille aussi normale, c'est une joie de fêter le dix-huitième anniversaire de son enfant.
J'ai peur, et cette peur n'est point la mienne. Je me demande ce qui pourra suivre toutes ses surprises, ses émotions, ses sorties pour Elena. Je dois partir loin d'ici et l'amener avec moi. Comment va vivre maman sans nous, qui sommes ses pieds et ses bras ? Le révérend Pierre compte m'aider avec maman. Elle pourra mieux vivre et se rétablir si un miracle est bien possible dans ces cloisons. Elena est la source de mes inquiétudes. Elle est toujours plus confiante, surtout après ses animations. Sous la permission, je vais conduire maman à l'église pour une séance de prière, comme tous les samedis. Intérieurement, je sais qu'elle ne reviendra plus dans ses murs.
J'ai vendu les bijoux que maman m'a offerts pour avoir des miettes de côté. Je sais. C'est une folie, mais cela en valait la peine. Il sonne la cloche de quatre heures. Je prends le sac où j'ai mis deux à trois vêtements pour chacun. Elena et moi partageons la même pièce, alors la tâche me fut facile de la réveiller. Elle est toujours sous l'effet du sommeil. Je la tenais par le bras, et ensemble, on déchirait l'obscurité sans détour. J'ai toujours été la trouillarde de ma famille, mais aujourd'hui, je pense que je suis possédée. Elle voulait s'arrêter, mais je l'en empêche. On doit partir très loin d'ici. Maman sait qu'on est parties. Je sais qu'elle ne fermera pas l'œil. Quelle heure est-il ? Je ne sais plus. Je porte sur mon dos un poids de soixante-neuf kilogrammes et un autre sac dans ma main gauche.
La plaque devant nous indique la sortie de Brooklyn BR et Manhattan Civic Centre. Elena pose trop de questions.
- Tu peux me dire ce qu'on fait ici, Laura ?
- On rend visite à un ami. Prends ton mal en patience et contente-toi de me suivre.
- Non ! Je dois retourner à la maison, Laura ! Tu es folle ? Que dira Charles ? Et maman, tu as pensé à elle ? Je devais être dans sa chambre pour l'aider à prendre son bain.
- Elena, maintenant, tu te tais. Maman est avec les sœurs de l'église.
Je sais présentement que ma sœur m'en veut énormément de l'avoir amenée avec moi, mais elle ignore que c'est pour son bien. Luke, un ami de la fac, m'avait laissé une adresse de l'un de ses potes à Manhattan. J'ai réussi à héler une voiture qui nous a conduites au métro de Pelham Bay Park. Nous devons nous rendre à McCaffrey Basketball Court, Manhattan, avant seize heures. L'ami de Luke doit y être. Le peu de dollars mis de côté nous a permis de prendre quelques friandises sur le chemin. Je ne dirai pas combien de nuits difficiles nous avons passées dans les rues. Le jeune homme sur la photo est bien celui que j'aperçois sur le terrain. C'est bien John, il va nous aider à trouver un endroit où vivre en attendant que je me trouve quelque chose. Je crains la réaction d'Elena. Elle peut à tout moment décider de me rendre la tâche plus difficile. Nous sommes enfin arrivées après un long bout de chemin. C'est dans l'ouest, quatre-vingt-onzième rue, juste à côté de Trinity School. En voyant, je dirais que c'est une planque, mais nous devons vivre dedans si nous tenons vraiment à notre vie. Jusqu'à là, Elena n'a pas encore tenté quelque chose qui pourrait affecter mon objectif, mais elle ne m'adresse plus la parole. J'avoue que cela me touche beaucoup, mais je préfère aussi être silencieuse.
Bientôt trois semaines que nous avons quitté la maison sans laisser de nouvelles. Je suis sortie chercher quelque chose à manger juste en face de l'école, et à mon retour, Elena n'était plus là. Je me suis affolée pour la chercher, mais sans succès. J'ai fait le tour du quartier et elle n'est nulle part. Je suis obligée de retourner à la maison puisque je ne pouvais demander à qui que ce soit sans alerter la sécurité du quartier.
- Où étais-tu ? Tu m'as filé une sacrée trouille, Elena !
- Après m'avoir enlevée à mes très chers, tu vas aussi m'interdire de sortir de la maison ?
- Tu ne comprends rien du tout, ma sœur ! Je fais tout ça pour ton bien, mais je vois que tu ne réalises rien.
- D'accord, il n'y a pas de raison de s'affoler, Laura. Je suis désolée. Je suis juste allée prendre de l'air, mais une fois dehors, j'ai compris que je ne t'avais pas prévenue. J'ignorais aussi que tu allais rentrer si vite.
Je la crois et je sais qu'elle ne le fera plus. Je me suis trouvé un petit job là où j'étais. Je dois y être avant seize heures ce soir. Elena n'a pas quitté la maison, elle est restée collée aux journaux. Après m'être allongé, j'ai entendu un bip. C'était peut-être dans la pièce d'à côté, alors j'ai ignoré. Aujourd'hui, je dois me rendre au restaurant pour finir mes tâches. John est passé au restaurant prendre de mes nouvelles, on a beaucoup discuté et je lui ai aussi fait part de ma situation. Il va m'aider à trouver un autre job qui nécessitera moins d'efforts que celui-ci, avec une nouvelle maison où nous aurons tout à notre disposition. Je rentre porter la bonne nouvelle à Elena, mais elle était occupée à envoyer un texto sur un téléphone.
- Que fais-tu ?
- Je prends des nouvelles de maman et de Charles.
- Depuis quand as-tu ce téléphone avec toi ?
- Hier, Laura ! Qu'est-ce que c'est ? Tu ne veux plus donner ni prendre des nouvelles de maman et de Charles ?
- Tu avais déjà envoyé un message sur ce numéro ?
- Oui, Laura !
- Pourquoi as-tu fait ça ? Tu pourrais demander mon avis, Elena ! Sais-tu ce que tu viens de faire ? Je faisais tout pour te protéger de lui, pour que tu ne sois pas comme moi, pour que tu aies une vie meilleure et non celle que je traîne tout le temps avec moi, pour que tu puisses marcher la tête haute sans jamais regarder derrière, par-dessus ton épaule, pour qu'on te respecte, Elena.
- Tu prétends me protéger, mais de quoi me protèges-tu ? Tu ne m'as jamais rien dit depuis que nous avons quitté la maison, Laura, et tu veux que je fasse quoi ?
- Je te le dirai en chemin, mais pour le moment, partons d'ici avant qu'il ne vienne.
C'était déjà trop tard, il nous attendait de l'autre côté de la rue. Il était debout devant la porte et attendait que j'ouvre pour nous ramener au cachot. Il était vraiment furieux. Elena, ignorant tout, sentit ma peur et décida de rester près de moi dans la voiture qui nous conduisait à ma mort certaine. À chaque contrôle de la police, il lançait ce regard meurtrier vers moi avant l'approche. Nous avons passé le temps du voyage à nous blottir l'un contre l'autre, sans vouloir nous relâcher.
Je me rappelle le jour où maman a su pour moi, assise dans le noir sous les escaliers, elle avait un visage imbibé de larmes et ne pouvait cesser de pleurer. Il avait fermé les portes, les fenêtres. On pouvait essayer d'alerter les passants si l'on n'avait pas les pieds ligotés et la bouche pleine de chiffons de cuisine. Ce soir-là, maman a perdu l'usage de ses pieds, et ses paroles étaient un adieu.
Nous voici devant la maison, Charles a fait entrer Elena en premier et est revenu me chercher.
- Tu te rends compte de ce que tu m'as fait faire, Laura ? Ta stupidité va coûter la vie à un jeune homme. Pas seulement un, mais deux jeunes hommes. Tu vas me payer ça, Laura, et ta mère aussi.
Tout en souriant, il m'a tirée vers la cabane à l'autre bout du jardin. J'attends les pleurs d'une personne au niveau de la montée, mais avec le noir qui inonde la pièce, je n'arrive pas à la reconnaître. Il se retourne vers la voiture et revient avec une autre personne. Cette silhouette devant l'entrée, c'est John. S'il a su pour John, alors Luke n'est pas très loin. Maintenant, je sais qu'à l'autre bout de la pièce se trouvent Luke et John en face, qui pleurent. Deux jeunes hommes innocents qui vont mourir par ma faute ce soir.
Au milieu de la cabane se trouve une petite lampe qui n'arrive qu'à éclairer l'intérieur et, même de l'extérieur, on n'y voit rien. Ils sont dans une position contrainte, j'avais cette rage en moi de tout détruire, de lui rendre la monnaie de ses pièces en le découpant morceau par morceau sans jamais m'arrêter. Il est au milieu, avec cette valise qu'il a utilisée ce jour-là où maman a eu son accident. Il est aussi habillé en boucher, près des deux tonneaux qu'il a déplacés au milieu de la pièce. Il peut jouer avec notre vie comme bon lui semble. Il a pris Luke par le col de sa chemise et l'a traîné vers le premier tonneau.
- Oh non ! Pourquoi as-tu fait ça ? Je suis la seule coupable !
Il lui a donné un coup très violent derrière la tête. C'est fini. Je pense que Luke est mort puisqu'il ne dit plus rien ni ne bouge. Le malade a tué mon seul ami devant mes yeux. J'essaie de me contrôler, mais je n'y arrive plus. J'ai crié fort, j'avais l'impression que tout le monde m'entendait, mais tout le monde ne m'entendait pas, tout le monde me voyait, mais tout le monde ne me voyait pas. Le monde allait au ralenti à mes yeux. Je ne crois toujours pas qu'il l'ait tué. Il vient de mettre Luke dans le tonneau, de le remplir de béton et de le fermer ensuite. Je faisais un cauchemar qui refuse de me quitter même au réveil. J'ai ce goût bizarre dans la bouche. John se débattait pour se relever, mais il était déjà debout devant lui. Cette fois-ci, il a utilisé la seringue.
- Tu vois bien ce qui se passe, Laura ?
Il sourit encore, Dieu, il sourit pendant qu'un homme agonise dans ses mains.
- Tu es un monstre, un monstre sans cœur, tu es le diable !
- Oui, ma chérie, et je le suis à cause de toi, à cause d'elle, de ta maman et de ton maudit père. Tant que je serai de ce monde, personne ne vous touchera ! Tu m'entends, je ne dis bien personne, car vous êtes ma propriété.
Quand je réalise qu'il vient de tuer deux jeunes hommes juste devant mes yeux, les corps dans des tonneaux remplis de béton et enfouis sous la cabane, il est parti chercher maman. J'ai réussi à me libérer les mains de ces cordes nattées, Elena est enfermée dans la chambre de maman et la clé de secours est à côté du troisième vase.
- S'il te plaît, Laura, dis-moi ce qui ne va pas ! Je veux connaître la vérité. Pourquoi as-tu eu cette frayeur quand il est venu nous chercher à la planque à Manhattan ? S'il te plaît, j'ai peur.
- Je te dirai tout, Elena, mais pour le moment, quittons la maison. Il est en route pour ramener maman.
- Tu sais Elena, je t'aime énormément et quand je te vois, tu as les beaux yeux de papa et ce joli sourire de maman qui te donne toujours l'air innocente. À la veille de mon anniversaire, il est venu dans ma chambre avec des cadeaux, je croyais qu'il voulait me les donner et s'en aller, mais au lieu de ça il s'est retourné verrouiller la porte derrière lui, j'ignorais vraiment ses intentions Elena. Il est monté sur le lit et a commencé par me talocher, le temps de crier, il m'en a empêché. Cette nuit fut la plus longue de toute ma vie. Il m'a violée. Il n'a plus cessé après-ça, il venait presque toutes les nuits. Le jour, j'ai essayé d'en parler à maman, elle a eu son premier accident. Il me disait que si je voulais toujours l'avoir près de moi, de garder mon silence. J'ai pris peur et je n'ai plus dit mot à qui que ce soit. Depuis cette nuit, tout a changé dans ma vie, j'ai perdu le respect de mon corps et à chaque fois que je vois un homme, je n'ai qu'une seule envie, celle de sauter sur lui. J'ai perdu confiance en eux, mais Luke m'a prouvé le contraire, il m'a montré que je pouvais avoir une vie et que je pouvais être aussi respecté que les autres. Maintenant, il est mort par ma faute. Maman a su après et cela lui a coûté son état actuel, ajouta Laura
- Tu veux dire qu'il a tué deux personnes et qu'il est aussi le responsable de l'accident de maman ? Pourquoi tu ne m'as rien dit Laura ?
- Tu aurais été en danger si je te le disais Elena ! Et oui, il vient de tuer Luke et John devant moi juste parce qu'ils m'ont aidé et te mettre à l'abri de ses griffes. Elena, c'est un malade et le responsable de l'explosion au laboratoire de papa, il m'a dit qu'il était passé terminer ce qu'il avait commencé à l'hôpital ce jour-là. Tu peux me dire qui était cette personne admise aux urgences après l'explosion ?
- Je me rappelle Laura, c'était papa, mais à notre arrivée, ils l'ont conduit à la morgue. Il était déjà mort avant qu'on ait l'information sur l'accident du laboratoire.
- Appelle le 111 et ne bouge pas d'ici, je reviens Elena.
J'ai éloigné Elena de la maison le temps qu'il revienne avec maman. Je suis retournée prendre quelques affaires, quelqu'un vient de franchir la porte du salon, le temps d'aller me cacher derrière le lit d'Elena, il est venu à une vitesse de chien tout en laissant maman dans son siège devant l'entrée du salon. Il m'a tiré par les pieds puis m'a tenu avec mes cheveux.
- Écoute attentivement, jeune insolente, tu vas prendre le téléphone et demander à ta sœur de rentrer à la maison maintenant, sinon je ferai un massacre.
- Elle ne viendra pas ici, Charles ! Non pas ici !
- D'accord, c'est compris. Tu l'as bien voulu idiote.
Tout en souriant, il a cogné ma tête contre la table de nuit et m'a ensuite projetée à l'arrière. J'ai reçu le mur au visage. Le sang n'arrête pas de couler de ma tête, et il continue toujours à donner des coups de pied dans mon ventre, sur ma tête et partout. Il n'a rien d'un humain, présentement, il rit en me faisant du mal. J'ai essayé de me relever, mais il m'a aidée à me mettre sur mes pieds pour pouvoir continuer avec les coups de poing. Me voilà de nouveau jetée contre le miroir, cette fois-ci, je sens des éclats de verre dans la paume de mes mains. Juste en me relevant, j'ai saisi un éclat de verre que j'ai utilisé pour lui déformer le visage.
- Je vais te tuer, Laura, et ta maman après. C'est ça, ma poule, cours, cours aussi vite que tu pourras, chérie. Je suis juste derrière toi, et tu sais quoi ? Je vais te garder en éveil pour que tu puisses voir comment ta sœur sera, mais dommage qu'elle ne puisse pas jouer comme toi, tu le fais.
Pendant qu'il parlait avec cette paire de ciseaux dans la main, j'ai couru à la cuisine tout en débarbouillant mon visage avec mon propre sang. J'ai trouvé mieux à la cuisine : de l'eau chaude que je lui ai renversée au visage. Il veut encore me serrer dans ses bras pour mieux me rendre immobile. Je saisis son doigt entre mes dents, et l'envie de le lui arracher ne m'a point quittée. Je crois que je lui ai coupé le pouce droit. Il m'a déchirée la cuisse d'un coup de ciseau, et le sang giclait partout dans la pièce. Cette fois-ci, je vais y rester, je pense. Soudain, une rage monte en moi, cette rage de tuer, l'envie de l'envoyer pourrir en enfer. Cette force soudaine m'a permis de le pousser très loin de moi. Au moment de reculer, il tombe sur la paire de ciseaux qu'il tenait dans ses propres mains, et ce qui s'enfonce très délicatement dans son œil gauche. Se lever reste son dernier souci. Pendant qu'il hurlait de douleur à cause de son œil et essayait de se redresser, le dos rond, je lui enfonçai de nouveau un couteau dans l'œil droit. Ce dernier était si profond qu'il n'a plus dit un seul mot ensuite. Mais je n'ai pas arrêté de lui donner d'autres coups. Je baignais dans mon sang et dans le sien. C'est maintenant que la police arrive.
- Que fais-je dans un lit ? Pourquoi suis-je entourée de personnel habillé en blanc ? Tout est d'une couleur blanche autour de moi, et moi-même en blanc aussi. Un bip par seconde ! C'est quoi ce son et cette voix lointaine qui n'arrête de répéter « Laura » ? C'est qui, Laura ? Cette voix, ce nom me semblent familiers.
J'ouvre très lentement les yeux, mais je vois toujours tout en blanc. Une tête super grosse et floue est inclinée dans ma direction, ses lèvres bougent sans laisser de son, puis quelques secondes après, un bruit se fait entendre. À présent, je vois que cette tête n'était que celle d'Elena, remplie de larmes.
- Laura ! Laura ! Regarde-moi s'il te plaît ! C'est fini désormais, Laura.
- Elena, où est maman ? Où est-elle ?
Elle est juste à côté du lit. Je fonds de nouveau en larmes, sachant que si je suis encore vivante, c'est que lui, il ne l'est plus. Ensemble, nous avons versé des larmes de joie. Selon Elena, aujourd'hui est ma sixième journée de soins intensifs. J'ai toujours cette forte migraine et la douleur dans tout mon corps, les bleus de part et d'autre. Une autre bonne nouvelle : maman va mieux, elle peut marcher et parler maintenant que les injections de Charles ne font plus effet en elle.
Un mois après, nous avons tout appris sur lui par le biais de la police criminelle. Les parents de Luke et John sont passés et nous avons beaucoup discuté, mais je ne saurais le dire, tout va bien. Les obsèques sont passées. Une fois né, nous devons tous mourir un jour ou l'autre, mais face à la mort, nous ne portons pas tous le même poids dans nos cœurs. Certains ont le cœur aussi lourd qu'une montagne, d'autres l'ont aussi léger qu'une plume. Pour ce très long voyage que nous offre la vie, ayez le cœur léger. C'est triste que le monde continue sans ces deux-là. Nous allons pouvoir quitter la ville maintenant que maman a vendu la maison. La nouvelle maison de maman est très belle, et nous nous plaisons bien ici, loin des yeux du quartier. Je vous donnerai plus de nouvelles la prochaine fois.
Laura, 20 ans
Elena, 18 ans
Maman, 39 ans, veuve
Charles, 35 ans
Luke, 19 ans
John, 19 ans